La mémoire olfactive

[Esch]

il y a 4 minutes, Sikaneba a dit :

Et son haleine sentait le glycol. Tu vois comme j'ai une excellente mémoire.

Non, ce n'est pas elle.

[Sikaneba]

il y a 4 minutes, Esch a dit :

Non, ce n'est pas elle.

Je me souviens quand même de l'histoire. Même contexte.

[Commissaire Laviolette]

Quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destructions des choses, seules, plus frêles, mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir sur leurs gouttelettes presque impalpables l'édifice immense du souvenir. La commémoration de tout ce que notre être a laissé de lui-même dans des minutes passées, essence intime de nous-mêmes que nous répandons sans la connaître, mais qu'un parfum senti alors...nous rend tout à coup.

[Gamin]

L'odeur de l'ozone. 

C'est le grésillement statique d'une télévision qui crépite sous des frissons électriques comme des millions d'aiguilles qui percent l'atmosphère et se déchargent dans l'air, c'est l'odeur de la solitude au milieu de la nuit lorsqu'on se réveille devant un poste abandonné, esseulé, qui nous réchauffe d'une douce lumière blanche qui grésille tel un feu de courant. C'est l'odeur de l'humanité moderne, celle des câbles dans les rues qui se bercent sous la pluie y laissant une traînée d'excitation, de petites bulles voltaïques qui viennent s'éclater par milliard contre nos sens. C'est l'odeur de l'énergie fébrile qui ne cherche qu'à se propager, à être transféré, échangé... comme un chatouillis de communication, elle est à l'olfactif ce que les doigts sont à la peau. 

[...]

Les vieux livres et les nouveaux.

Mes deux filles ont le même amour pour l'odeur des livres. 

 

La pluie aussi, bien-sûr. La mer ou plusieurs plan d'eau (cette odeur saline, limite de poisson), je m'en ferais un parfum!

Puis y a cette odeur de coeur, l'odeur du savon à main de l'hôpital que je recherche dans chaque salle de bain publique (oui, oui). Cette odeur est synonyme de bébé luttant pour sa vie.