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Trop opulente pour êtres vraie, elle serait la création d’un savant fou. Dommage que l’on se soucie tant de ces lèvres et si peu de ce qui en coule, fluide et toxique : le chant d’une sirène, qu’on aurait tort de ne pas suivre aveuglément dans ses abysses de délices, à moins d’être bouché. Elle est le visage pop du moment, et les hipsters l’ont vite sanctionnée pour deux crimes commis contre la morale même de leur dogme : posséder un passé, posséder un avenir. Pour ceux qui douteraient encore de la véracité insensée de son chant, on a récemment vu Lana Del Rey en concert acoustique à Londres. En vision lynchienne d’un piano-bar de Vegas, elle donna un concert à couper le souffle. Une voix maîtresse, autoritaire, qui contraste avec le malaise de ce corps trop long, encombré de lui-même, de ces doigts serpentins dont elle ne sait que faire et qu’elle entortille dans sa jupe ou les fils du micro. D’elle, son jeune manager Ed dit : “Partout où elle passe, des mecs tentent de la toucher, comme si elle n’était pas réelle…” La première fois que l’on avait rencontré Lana Del Rey, on avait effectivement été frappé, indisposé même, par son irréalité : rencontre d’un troisième type, d’une femme virtuelle, peut-être un hologramme. Analyses-tu beaucoup ce que tu écoutes ? Elle est juste… trop bizarre. J’aime quand mes chansons et moi ne faisons qu’un, je l’ai ressenti dès que j’ai écrit Video Games. Puis j’ai écrit très rapidement Blue Jeans sur la plage de Santa Monica, et là, j’ai su ce que serait l’ambiance de l’album : un côté à la fois estival et sombre, la jouissance des feux de l’été et la certitude que ça ne durera pas. ... Video Games’ est un morceau mélodramatique, ourlé avec la même délicatesse qu’un film de Douglas Sirk. Un parfait sens de la construction dramatique : des cloches et une mystérieuse rumeur en entrée, comme pour introduire le lieu de l’action, une harpe délicate psuivie d’un bref sample de musique de film, avant que n’arrive cette voie basse de femme désabusée, qui a l’air de ne jamais pouvoir décrocher de sa lassitude, de sa tristesse, même dans ses emphases portées par des arrangements de cordes hollywoodiens, somptueux, mais qui jamais ne prennent pourtant le pas sur la voix ou la mélodie. Mais au-delà de cette image fabriquée et manipulée d’icone glamour à la moue boudeuse style Brigitte Bardot, on découvre dans Kill Kill une voix magnifique, rauque et suave, qui résonne d’une maturité étonnante pour une jeune artiste d’à peine 24 ans. Un timbre de voix et un look d’un autre temps, starlette de l’âge d’or du cinéma. On découvre aussi des mélodies romantiques, mélancoliques, murmures ou incantations. J’ai parfois même eu l’impression d’une ressemblance avec la musique et les intonations de Lykke Li, la même atmosphère envoutante, captivante, lancinante mais plus douce (surtout dans Mermaid Motel). Le caractère désincarné du timbre de Lana Del Rey et la lourdeur étouffante du son vintage de ses enregistrements se combinent à sa façon d’endosser, tant visuellement que musicalement, le rôle de la victime, vidant sa musique de tous les ingrédients qui rendent le rock'n’roll si amusant: jeunesse, côté sexy, humour gras et inconvenance sacralisée. J’aurais bien aimé qu’elle prenne quelques conseils de Kate Bush qui, à l’âge de Grant, s’intéressait elle aussi aux fantômes, mais les imaginait hurlants, volant en tous sens et se cognant aux vitres. Je suis on ne peut plus heureuse du succès de son magnifique 50 Words for Snow, mais également de sentir l’esprit de Kate couler dans les veines de Laura Marling, St. Vincent, My Brightest Diamond, Fay Wolf et de nombreuses autres jeunes femmes qui pourraient étendre Lana del Rey d’un bon coup de nunchaku. Elle est la synthèse filmée de milliards de photos en angle MySpace, de duck faces excessives, de porno gonzo, elle sublime les nouvelles représentations de soi, en étant trop bien apprêtée pour ce genre de poses, en les collant sur des musiques trop riches, en les confrontant à une rêverie holywoodienne. En cela elle est effrayante. En cela, elle est aussi de son temps, parfaitement de son temps. http://www.lesinrocks.com/musique/musique-article/t/75739/date/2012-01-05/article/lana-del-rey-naissance-dune-icone/http://www.paperblog.fr/5093537/la-revelation-musicale-2011-lana-del-rey/ http://www.slate.fr/story/48351/lana-del-rey-sexisme http://www.blogotheque.net/2011/08/04/lana-del-ray-meffraie/ http://people.plurielles.fr/news-people/lana-del-rey-la-nouvelle-egerie-sensuelle-affole-la-toile-6922868-402.html ... http://www.canalplus.fr/c-divertissement/pid3303-c-le-live-du-grand-journal.html?vid=540884