Quattrocento.epub
Dès les années 1430, et probablement depuis bien longtemps, le Pogge occupait le centre de ce qu'il appelait le « Bugiale », l'officine de mensonges. C'était une salle de la cour papale où les secrétaires se réunissaient pour échanger des histoires et des plaisanteries. « On n'épargnait personne, écrit le Pogge, nous disions du mal de tout ce qui nous déplaisait, en commençant souvent par le souverain pontife lui-même.
Les conversations y étaient superficielles, mensongères, sournoises, calomnieuses, souvent obscènes, oubliées sitôt prononcées.
Les plaisanteries vieilles de plusieurs siècles conservent rarement leur piquant. Le fait que les traits d'humour de Shakespeare, de Rabelais ou de Cervantès continuent de nous faire sourire relève du miracle. Six cents ans après leur rédaction, les Facéties du Pogge nous intéressent donc avant tout en tant que symptômes, tels les restes d'insectes morts depuis longtemps, des reliques qui témoignent de ce qui bourdonnait dans l'air du Vatican.
La plupart des histoires relatées dans les Facéties ont une dimension sexuelle. Racontées par des hommes, elles mêlent misogynie et mépris de l'initié pour les rustres, avec à l'occasion une note anticléricale.
Un charlatan se vante de pouvoir produire différents types d'enfant – des marchands, des soldats, des généraux – selon la profondeur de sa pénétration. Un pauvre quidam, ayant négocié le prix d'un soldat, offre sa femme au marchand malhonnête, puis, se croyant très malin, sort de sa cachette et frappe le derrière du coquin pour qu'il la pénètre plus profondément. Per Sancta Dei Evangelia ! s'écrit-il triomphalement, hic erit Papa ! (« Par les saints Évangiles de Dieu, celui-là sera pape173 ! »)
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